Communiqué de presse

Communiqué de presse

Douarnenez, le 31 juillet 2025

Nous sommes les murs qui nous tiennent !

Nous, habitant·e·s des Roches Blanches, faisons le pari de pérenniser un des plus grands squats de Bretagne

Située à Douarnenez dans le Finistère, Les Roches Blanches sont une ancienne colonie de vacances, occupées depuis 15 ans par une cinquantaine de personnes, qui y vivent et y travaillent.

Nous avons appris par voie de presse fin juin 2025 sa mise aux enchères, afin de terminer la liquidation judiciaire en cours sur le lieu.

La vente aura lieu le 3 septembre. Le prix de départ est de 200 000 euros. Nous n’avons pas été consulté.e.s, nous ne sommes pas, en droit français, prioritaire pour le rachat du lieu. Nous aurions pourtant apprécié.

Aujourd’hui, dans l’urgence, nous mobilisons toute notre communauté pour remporter le pari de racheter les Roches Blanches à la vente aux enchères, et de pouvoir pérenniser le lieu à terme.

Il nous reste 1 mois pour réunir les fonds nécessaires afin de garder ce lieu dans sa forme actuelle collective et éviter un projet privé qui mènerait la cinquantaine d’habitant.e.s, ainsi que toutes les personnes qui utilisent les ateliers tout au long de l’année, à l’expulsion tout en niant tout ce que les Roches Blanches sont déjà ou ont été : un lieu d’accueil, d’artisanat, de paysannerie, …

Pour répondre à la vente aux enchères, nous avons lancé une cagnotte qui a déjà récolté 12 163 € à ce jour, avec comme objectif de récolter 350 000 euros pour nous permettre de surenchérir ou de faire des travaux. Nous avons également lancé une pétition en soutien aux Roches Blanches et contre la prédation immobilière, qui a déjà récolté 832 signatures.

À Douarnenez, en vingt ans, le nombre de logements vides a augmenté de 53 %, pendant que celui des résidences secondaires a grimpé de 42 %1. Et pour cause, cette petite ville du Finistère mène depuis quelques années une politique tournée vers le tourisme. Alors que les logements abordables se font rares et que l’offre de logement social est insuffisante, les Roches Blanches sont un lieu d’accueil essentiel pour celles et ceux qui ne trouvent ni logement ni hébergement dans la ville. À titre d’exemple, plusieurs stagiaires en charpenterie marine des Ateliers de l’Enfer ont pu réaliser leurs stages grâce à un hébergement aux Roches Blanches. Les Roches complémentent les services sociaux locaux en accueillant, comme elles le peuvent, des personnes en détresse psychologique et sociale, et servent ou ont servi de tremplin ou de lieu de repos pour des centaines de personnes.

D’autres lieux alternatifs à Douarnenez ont eux aussi été récemment fermés ou sont menacés de l’être. Ces établissements, qui perpétuent la tradition de culturelle et populaire de Douarnenez, ne doivent pas disparaître au profit d’une carte postale. Alors que nous fêtions l’an dernier les 100 ans de la grève des sardinières, il est temps de passer de la parole aux actes en soutenant cette nouvelle mobilisation pour défendre nos droits.

Nous appelons à nous visibiliser afin de faire sortir les Roches Blanches du système marchand et qu’il garde sa vocation pour les générations d’habitant·e·s à venir : un lieu d’accueil et d’expérimentation à Douarnenez, où même les plus précaires ont droit à la vue sur mer.

(1 Habiter une ville touristique. Une vue sur mer pour les précaires, collectif Droit à la ville Douarnenez, préface de Mickaël Correia, Éditions du Commun, 2023)

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