Douarnenez, le 5 novembre 2025
COMMUNIQUE DE PRESSE
Combien d’argent public le Département est-il prêt à dépenser pour expulser des
personnes précaires ?
Lundi 3 novembre le Département du Finistère a voté la possibilité de préemption du site des Roches Blanches à la quasi unanimité, moins une voix. Cette décision fait suite à la décision de l’extension du périmètre de la zone de préemption du Département au titre des espaces naturels sensibles prise par les conseils municipaux et communautaires quelques jours auparavant. Malgré tous nos efforts pour régulariser notre situation, et le fait que nous possédions la somme nécessaire pour acheter, le Département du Finistère, tout comme la Mairie de Douarnenez et le Conseil Communautaire, ne se posent donc pas en alliés de notre combat. Ils le pourraient pourtant. Le Conseil Départemental a la charge du Social. Il aurait du, c’est sa fonction première, nous proposer son aide pour la sauvegarde du lieu. Il aurait pu nous accompagner dans le rachat, investir avec nous pour les travaux à réaliser, ou mettre son expertise à notre disposition pour aider nos premières années de propriétaire. Nous aurions pu à cette occasion discuter de la rétrocession du passage du GR34 sur la parcelle afin que s'exerce une servitude de passage au profit du conservatoire du littorale. A la place, il s'est immédiatement lancé dans un plan de préemption ou de rachat, sous couvert d’arguments écologiques fallacieux. Et sa décision de lundi indique clairement son intention : notre expulsion. Mais à quel prix ? Pour nous déjà qui allons perdre notre domicile, nos ateliers et notre ferme. Mais aussi pour les Finistériens et les finistériennes ? Combien d’argent public le Département est-il prêt à dépenser ? Certes, l’enveloppe de 500 000€ votée le 1er septembre pour aller à la vente provient d’un budget spécial pour l’acquisition de parcelles en bord de littoral. Mais pour la destruction du site et le relogement de ses habitants, des ateliers et de la ferme, il faudra piocher dans le budget du Département. Un budget déjà serré. Mr de Calan se félicite des coupes budgétaires déjà faites pour maintenir le Département à flot. L’enveloppe dédiée à l’urbanisme et à la du patrimoine est vide : tout est parti en fumée avec l’incendie du manoir de Kernault à Mellac en janvier 2025 (4,6 million d'investissement du Département). Le projet de transformation de l'Ancien Hôpital va lui aussi engager d'énormes coût de démolition et de reconstruction reparti entre les différentes institutions dont le Département. Alors, réduire encore les enveloppes dédiées aux aides sociales ? À la culture ? Au logement ? Aujourd’hui nous estimons au minimum à 2 millions d’euros la destruction du site, qui, nous le répétons, va bien : les bâtiments construits dans les années 60 sont solides et ont été entretenus durant toutes ces années. Entre le désamiantage, la gestion des déchets et des gravats pour qu’ils ne tombent pas dans la mer, la construction de voies d’accès pour les engins sur un terrain en pente, les frais seront colossaux.
Nous demandons aujourd’hui au Département : l’avez-vous chiffré ? Êtes vous capables de dire à nos concitoyens combien ce projet va leur coûter ? Aujourd’hui nous voyons le manque de logements sociaux en Finistère et on nous propose de passer prioritaires pour que notre relogement soit rapide. Combien de personnes en attente seront lésées dans le processus ? Ne serait-il pas mieux d’investir dans la construction de nouveaux immeubles ? Nous possédons déjà un domicile, et nous nous y plaisons. Nous avons pourtant un projet de rachat qui régulariserait notre situation. Nous avons demandé autour de nous si des personnes soutenaient notre projet, et nous avons été les premiers surpris de la réponse : nous avons pu lever plus de 200 000€ en un mois. Certaines personnes croient en nous. Elles voient la disparition des lieux comme le nôtre, et veulent soutenir leur sauvegarde. Nous avons un projet, de propriété collective et anti spéculative qui nous permettrait de poursuivre notre politique d'accueil et de poursuivre nos activités sociales, artisanales et paysannes. Nous encourageons le Département à poursuivre sa démarche écologique en se focalisant sur des sujets qui nous semblent plus urgents : les algues vertes, la renaturation d’espaces qu’il possède déjà, comme le manoir de Tréfuntec, ou la dépollution des sols. Nous demandons au Département de venir travailler à la préservation du site avec nous, et non contre nous, en nous laissant le racheter, pour y vivre et y travailler.
